Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/245

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L’ATHÉNIEN.

Croyons-nous donc que ce soit tout-à-fait sans fondement qu’on dit [657e] ordinairement des acteurs de ces jeux, que celui qui nous divertit et réjouit davantage doit passer pour le plus habile, et mérite d’être couronné ? En effet, puisque le plaisir est le but de ces fêtes, il est dans l’ordre que la victoire et tous les honneurs soient, comme j’ai dit, pour celui qui aura le plus contribué au plaisir de l’assemblée. [658a] Ce discours n’est-il pas raisonnable, et si cette règle était suivie, pourrait-on y trouver à redire ?

CLINIAS.

Je ne le pense pas.

L’ATHÉNIEN.

Ne prononçons pas si vite, mon cher Clinias ; considérons auparavant notre objet sous toutes ses faces, nous y prenant de cette sorte. Supposons qu’on propose des jeux, sans spécifier quels ils seront, gymniques, équestres ou musicaux, et que, rassemblant tous les citoyens, on leur déclare qu’il ne s’agit [658b] que de plaisir, que chacun d’eux peut y venir disputer le prix, et que la victoire demeurera à celui qui aura le mieux diverti les spectateurs, n’importe de quelle manière, et aura été jugé le plus amusant. Quel effet pensons-nous que produisît une pareille déclaration ?