Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/356

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Ces chants et autres semblables une fois réglés, il n’était permis [700c] à personne d’en changer la mélodie. Ce n’étaient point les sifflets et les clameurs de la multitude, ni les battements de mains et les applaudissements qui décidaient alors, comme aujourd’hui, si la règle avait été bien observée, et punissaient quiconque s’en écartait ; mais il était établi que des hommes versés dans la science de la musique, écoutassent en silence jusqu’à la fin, et une baguette suffisait à contenir dans la bienséance les enfants, les esclaves qui leur servaient de gouverneurs, et tout le peuple. [700d] Les citoyens se laissaient ainsi gouverner paisiblement, et n’osaient porter leur jugement par une acclamation tumultueuse. Les poètes furent les premiers qui, avec le temps, introduisirent dans le chant un désordre indigne des Muses. Ce n’est pas qu’ils manquassent de génie ; mais connaissant mal la nature et les vraies règles de la musique, s’ abandonnant à un enthousiasme insensé, et se laissant emporter par le sentiment du plaisir, confondant ensemble les hymnes et les thrènes, les péons et les dithyrambes, contrefaisant sur le luth le son de la flûte, et mettant tout pêle-mêle, ils en vin-