Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/477

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ras, c’est qu’il n’est pas aisé d’assigner au juste l’espèce [757b] d’égalité propre à produire cet effet ; car il y a deux sortes d’égalités qui se ressemblent pour le nom, mais qui sont bien différentes pour la chose. L’une consiste dans le poids, le nombre, la mesure : il n’est point d’État, point de législateur, à qui il ne soit facile de la faire passer dans la distribution des honneurs, en les laissant à la disposition du sort. Mais il n’en est pas ainsi de la vraie et parfaite égalité, qu’il n’est point aisé à tout le monde de connaître : le discernement en appartient à Jupiter, et elle ne se trouve que bien peu entre les hommes ; mais enfin c’est le peu qui s’en trouve, soit dans l’administration publique, soit [757c] dans la vie privée, qui produit tout ce qui se fait de bien. C’est elle qui donne plus à celui qui est plus grand, moins à celui qui est moindre, à l’un et à l’autre dans la mesure de sa nature ; proportionnant ainsi les honneurs au mérite, elle donne les plus grands à ceux qui ont plus de vertu, les moindres à ceux qui ont moins de vertu et d’éducation, et à tous selon la raison. Voilà en quoi consiste la justice politique, à laquelle nous devons tendre, mon cher Clinias, ayant toujours les yeux [757d] sur cette espèce d’égalité, dans l’établissement de notre nouvelle colonie :