Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/632

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s’endormir, que font les mères pour leur procurer le sommeil ? Elles se gardent bien de les laisser en repos, mais elles les agitent [790e] et les bercent dans leurs bras : elles ne se taisent pas non plus ; mais elles leur chantent quelque petite chanson. En un mot elles les charment et les assoupissent par le même moyen dont on se sert pour guérir les frénétiques, par un mouvement soumis aux règles de la danse et de la musique.

CLINIAS.

Étranger, quelle peut être la vraie cause de ces effets ?

L’ATHÉNIEN.

Elle n’est pas difficile à imaginer.

CLINIAS.

Comment cela ?

L’ATHÉNIEN.

L’état où se trouvent alors les enfants et les furieux est un effet de la crainte : ces vaines frayeurs ont leur principe dans une certaine faiblesse de l’âme. [791a] Lors donc qu’on oppose à ces agitations intérieures un mouvement extérieur, ce mouvement surmonte l’agitation que produisait dans l’âme la crainte ou la fureur ; il fait renaître le calme et la tranquillité, en apaisant les violents battements du cœur ; sa vertu bienfaisante procure le sommeil aux enfants, et fait passer les frénétiques de la fureur au bon sens,