Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/733

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mes à nous entretenir de l’éducation, j’ai vu par la pensée les jeunes gens de l’un et de l’autre sexe vivant ensemble avec beaucoup de familiarité. Cette vue m’a inspiré une crainte fondée, et a fait naître en moi cette réflexion : De quelle manière doit-on se conduire à l’égard d’une ville où les jeunes garçons et les jeunes filles, nourris dans l’abondance, sont exempts de tout travail pénible et servile dont l’effet est d’éteindre le feu des passions, et passent leur vie dans les sacrifices, les fêtes et les chœurs ? Comment, dans une telle république, mettront-ils un frein à des passions qui portent aux derniers excès une foule de personnes, hommes et femmes : passions que la raison doit combattre, si elle veut obtenir l’autorité d’une loi ? On conçoit sans peine comment les règlemens que nous avons établis plus haut, triompheront de plusieurs passions. Car la défense de travailler à s’enrichir excessivement, est très-propre à inspirer la modération, et toutes les lois qui entrent dans notre plan d’éducation tendent au même but. Ajoutez à cela la présence des magistrats, obligés de ne point détourner leurs regards de dessus la jeunesse, et de l’observer continuellement. Cela suffit, dans les limites de la puissance humaine, pour réprimer les autres passions. Mais à l’égard de ces amours insensés où les hommes et les