Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/734

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femmes pervertissent Tordre delà nature, amours qui sont la source d’une infinité de maux pour les particuliers et les états; comment prévenir un tel désordre ? quel remède employer pour échapper à un si grand danger ? La chose n’est point du tout aisée, mon cher Clinias. Par rapport à d’autres points importans, sur lesquels nous avons porté des lois contraires aux usages établis, nous avons trouvé un puissant secours dans les institutions de Crète et de Lacédémone. Mais sur l’article dont il s’agit, disons-le, puisque nous sommes seuls, vos deux États s’opposent absolument à nos vues. En effet, si quelqu’un suivant l’instinct de la nature, rétablissait la loi qui fut en vigueur jusqu’au temps de Laïus[1], approuvant l’ancien usage selon lequel les hommes n’avaient point avec de jeunes garçons un commerce permis seulement avec les femmes dans l’union des deux sexes, attestant l’instinct même des animaux, et faisant remarquer qu’un mâle n’approche jamais pour cette fin d’un autre mâle, parce que ce n’est point l’institution de la nature ; il ne dirait rien qui ne sait fondé sur des raisons évidentes ; et cependant il ne s’accorderait point avec vos deux cités. De plus, le but que le législateur doit, de notre

  1. Élien, liv. XIII, chap. 5 ; Athénée, liv, XIII.