Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/818

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de notre mieux la nature, en marquer les espèces, et déterminer les châtimens que chacun d'eux mérite. Les blessures et les mutilations qui en sont l'effet, sont, après le meurtre, ce qu'il y a de plus grave ; et l’homme le moins habile en législation les placerait dans cet ordre. 11 faut d'abord, par rapport aux blessures, comme par rapport aux meurtres, en distinguer de deux sortes ; les unes, faites involontairement, soit par colère, soit par crainte ; les autres volontairement et de dessein prémédité ; et faire ensuite le préambule suivant. Il est nécessaire aux hommes d'avoir des lois et de s'y assujétir : sans quoi ils ne différeraient en rien des bêtes les plus farouches. La raison en est qu'aucun homme ne sort des mains de la nature avec assez de lumière pour connaître ce qui est avantageux à ses semblables pour vivre en société, ni avec assez d'empire sur lui-même et de bonne volonté pour faire toujours ce qu'il a reconnu le plus convenable. Premièrement, il est difficile de connaître que la vraie et la saine politique doit s'occuper de l'intérêt général et non de l'intérêt particulier ; le premier unissant toutes les parties de l'État, tandis que l'autre les divise ; et que la société et les individus trouvent également leur avantage dans la préférence qu'accordé une bonne administration à l'intérêt gêné-