Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/905

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n’y touchant point ; à l’acquisition d’un bien je substitue celle d’un bien plus excellent dans une partie plus excellente de moi-même, en préférant l’augmentation de la justice dans mon ame à l’accroissement des richesses dans mes coffres. La belle maxime, qu’il ne faut point remuer ce qui doit être immobile, s’étend à bien des choses, et convient spécialement au cas dont nous parlons. Il est encore bon d’ajouter foi à ce qu’on dit communément à ce sujet, que ceux qui violent cette maxime ne sont point heureux en enfans. Mais à quelle peine condamnerons-nous celui qui, n’ayant nul souci de ses enfans et au mépris du législateur, touchera, sans l’aveu du dépositaire, à ce que ni lui ni aucun de ses ancêtres n’a déposé, violant la plus belle et la plus simple de toutes les régies, et la loi du grand homme qui a dit : Ne touche point à ce que tu n’as pas déposé[1] ? Que faire, encore un coup, à celui qui, comptant pour rien l’autorité de ces deux législateurs, aura enlevé non une petite somme qu’il n’a point déposée, mais quelquefois des trésors très considérables ? Les dieux seuls connaissent les châtimens qu’ils lui réservent. Quant à nous, que le premier qui l’aura pris sur le fait le dénonce aux astynomes, si la chose

  1. Loi de Solon, Diogène de Laërte, I. 57.