Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, VII et VIII.djvu/916

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CLINIAS.

L’entreprise, à mon avis, n’est pas petite, et n’exige point de faibles talens.

L’ATHÉNIEN.

Comment dis-tu, mon cher Clinias ? Il y a très peu de personnes qui, joignant une excellente éducation à un naturel heureux, puissent se contenir dans les bornes de la modération, lorsque le besoin et le désir de certaines choses se fait sentir à eux ; qui, lorsque l’occasion se présente de gagner beaucoup d’argent, en usent avec sobriété et préfèrent l’honnête médiocrité à l’opulence. La plupart des hommes tiennent une conduite tout opposée. Ils ne mettent point de bornes à leurs besoins, et lorsqu’ils pourraient se contenter d’un gain modeste, ils aspirent à des profits sans mesure. Voilà ce qui, dans tous les temps, a décrié la profession de revendeur, de trafiquant, d’hôtelier, et a été pour eux l’objet de reproches honteux. En effet, si par une loi qu’on ne portera jamais, et qu’aux dieux ne plaise que l’on porte, on contraignait (ce que je vais dire est ridicule, je le dirai cependant) tout ce qu’il y a d’hommes de bien et de femmes honnêtes en chaque pays, de tenir hôtellerie, d’exercer la profession de revendeur, ou de faire toute autre espèce de trafic durant un certain temps, de telle sorte qu’ils ne pussent s’en dis-