Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/309

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Cela est bien certain.

Et guérir, mon ami, bâtir, tisser une étoffe, travailler enfin dans un art quelconque, c’est assurément aussi faire quelque chose ?

Assurément.

Croirais-tu un état bien administré, où, par une loi, chacun serait tenu de tisser et de laver son propre manteau, de fabriquer ses sandales, son vase à l’huile, le bandeau de sa tête, et de même pour tout le reste ; [162a] chacun faisant et se procurant par son travail ce qui lui serait propre, avec défense de mettre la main à rien qui lui fût étranger ?

Je suis loin de le croire.

Tu m’avoueras que cet état serait bien administré, s’il l’était sagement.

Qui peut en douter ?

Alors ce n’est pas dans ce cas-là que la sagesse serait de faire ce qui nous est propre.

Non, évidemment.

Il parlait donc par énigmes apparemment, comme je le disais tout-à-l’heure, celui qui prétendait qu’être sage c’est faire ce qui nous est propre ; car sans doute il n’était pas assez simple [162b] pour l’entendre ainsi. Ou peut-être est-ce quelque pauvre tête qui t’aura tenu ce propos, Charmide ?

Pas du tout, reprit-il, c’est un homme qui me paraissait très sage.