Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/341

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charme. Aussi ne tiendra-t-il pas à moi que je ne m’y soumette tous les jours, jusqu’à ce que tu me dises que c’est assez.

Très bien, s’écria Critias, fais-le, Charmide ; et je trouverai que tu la possèdes, cette sagesse, si tu t’abandonnes à Socrate pour subir son charme et si tu ne le quittes plus un seul instant.

Oui, dit le jeune homme, je veux le suivre et ne le point quitter. D’ailleurs [176c] ce serait mal à moi de ne pas t’obéir, à toi mon tuteur, et de ne pas faire ce que tu m’ordonnes.

Oui, certes, je te l’ordonne.

Aussi je le ferai, répondit Charmide, à partir d’aujourd’hui.

Eh bien ! repris-je, que tramez-vous là entre vous deux ?

Rien, dit Charmide, car la trame est toute ourdie.

Quoi ! la violence, sans me laisser aucun choix ?

Oui, la violence, et j’y aurai recours puisqu’il m’en donne l’ordre. Vois, pour toi, quel parti tu veux prendre.

[176d] Mais je n’en ai plus à prendre ; car si tu te mets quelque chose en tête, et menaces encore de violence, qui serait capable de te résister ?

Alors ne résiste donc pas.

Je m’en garderai bien.