Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

N'est-ce pas cette dissension qui a coûté tant de combats et tant de sang aux Grecs et aux Troyens, aux amans de Pénélope, et à Ulysse ?

[112c] ALCIBIADE.

Tu dis vrai.

SOCRATE.

Et ceux qui moururent à Tanagre[1], Athéniens, Lacédémoniens, Béotiens, et, après, à Coronée[2], où ton père Clinias fut tué, le sujet de leurs querelles et de leur mort ne fut autre, je pense, que cette diversité de sentimens sur le juste et l'injuste. N'est-ce pas ?

ALCIBIADE.

Peut-on le nier ?

SOCRATE.

Oserons-nous donc dire que le peuple sache bien une chose sur laquelle [112d] il dispute avec tant d'animosité qu'il se porte aux dernières extrémités ?

  1. Bataille gagnée par les Athéniens contre les Lacédémoniens, pour l'indépendance de la Béotie, sous le commandement de Myronides. (Voyez le Menexène. — THUCYDIDE, I, 108. — WESSERLING, sur Diodore de Sicile, XI.)
  2. Bataille perdue par les Athéniens contre les Béotiens et les Lacédémoniens, dix ans environ après la victoire de Tanagre. (THUCYDIDE, I, 113. — DIOD. XII, 8.)