Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, V et VI.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
SOCRATE.

Crois-moi, mon cher, c'est une folie de vouloir aller enseigner ce que tu ne sais pas, ce que tu ne t'es pas donné la peine d'apprendre.

[113d] ALCIBIADE.

Mais j'imagine, Socrate, que les Athéniens et tous les autres Grecs délibèrent très rarement sur ce qui est le plus juste ou le plus injuste ; car cela leur paraît très clair ; et, sans s'y arrêter, ils cherchent uniquement ce qui est le plus utile. Or, l'utile et le juste sont fort différens, je pense, puisqu'il y a eu beaucoup de gens qui se sont très bien trouvés d'avoir commis de grandes injustices, et d'autres qui, je crois, pour avoir été justes, ont assez mal réussi.

SOCRATE.

Quoi ! quelque différence qu'il y ait entre l'utile et le juste, [113e] penses-tu donc connaître l'utile, et ce qui le constitue ?

ALCIBIADE.

Qui en empêche, Socrate, à moins que tu ne demandes encore de qui je l'ai appris ou comment je l'ai trouvé de moi-même ?

SOCRATE.

Que fais-tu là, Alcibiade ? supposé que tu dises mal, et qu'il soit possible de te réfuter par