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LETTRE VIII.

[356a] Barbares, et moi, je l’ai deux fois sauvé de la tyrannie ; j’en appelle à vos propres souvenirs. Ensuite, choisissez un homme qui porte le même nom que mon père, le fils de Denys, à cause des services qu’il vous a rendus et de la sagesse de sa conduite. Né d’un tyran, il a volontairement donne la liberté à sa patrie et a mérité pour lui et les siens une gloire immortelle au lieu d’un pouvoir éphémère et injuste. Enfin, vous devez appeler comme troisième roi de Syracuse, de son aveu et de celui du peuple, le chef actuel [356b] de l’armée ennemie, Denys, fils de Denys, s’il consent à se contenter de la royauté par crainte des revers de la fortune, par pitié pour sa patrie, pour les autels abandonnés et pour les tombeaux de ses pères, afin que nos discordes ne comblent pas de joie les Barbares en causant la ruine de notre pays. Soit que vous accordiez à ces trois rois une autorité égale à celle des rois de Lacédémone, soit que vous préfériez la diminuer, il faut les élire d’un commun accord, [356c] comme je vous l’ai déjà dit, et comme je crois devoir vous le répéter encore. Si les familles de Denys et d’Hipparinos, pour sauver la Sicile et mettre fin aux malheurs qui la désolent, acceptent la dignité royale pour le temps présent et pour l’avenir, il faut la leur décerner aux conditions dont nous avons déjà parlé, et nommer, pour achever la paix, les députés qu’ils voudront, soit parmi les étrangers, soit parmi les habitants, soit également parmi les uns et parmi les autres, en tel nombre qu’ils le jugeront convenable. Ces députés assemblés [356d] commenceront par rédiger des lois et établir un gouvernement dans lequel il conviendra que les rois président aux choses sacrées et à toutes celles dont l’État doit confier la direction à ses anciens bienfaiteurs. Ils choisiront trente-cinq gardiens des lois qui partageront le droit de paix