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LETTRE XIII.

qu’un an. Il faut que j’aide mes parents à doter celles qui se marieront de mon vivant : pour les autres, je n’y peux rien. Je n’aurai pas à doter non plus celles dont les pères deviendront plus riches que moi ; mais jusqu’ici, j’ai plus de fortune qu’eux. Aussi avais-je contribué avec Dion et quelques autres à doter [361e] leurs mères. L’une de ces enfants épouse Speusippe, son oncle maternel[1]. Il ne lui faut pas plus de trente mines ; c’est une dot suffisante pour nous. Ensuite, quand ma mère mourra, il ne faudra pas plus de dix mines pour lui élever un tombeau. Voilà à peu près les seules dépenses que j’aie à faire maintenant. Si mon voyage en Sicile entraîne quelque autre dépense privée ou publique, nous nous conduirons comme nous en sommes convenus, [362a] c’est-à-dire que, de mon côté, je mettrai le plus d’économie possible ; mais tu fourniras le nécessaire. Quant aux dépenses que tu pourrais avoir à faire à Athènes, pour un chœur ou pour autres choses semblables, je suis forcé de te prévenir que tu n’as pas ici, comme nous l’avions espéré, un seul ami disposé à me donner de l’argent. Il t’importerait beaucoup de rembourser le plutôt possible ce qu’on t’aura avancé, autrement on n’obtient pas d’avances ; il faut attendre jusqu’à ce qu’il arrive un exprès de ta part : et c’est un inconvénient, et de plus une honte. [362b] Je l’ai bien éprouvé avec Andromède d’Aegine, ton hôte, à qui tu m’avais adressé en cas de besoin. J’envoyai Éraste lui demander de l’argent pour acheter différents objets importants que tu m’avais demandés. Mais il me répondit une chose fort naturelle, comme tout homme aurait fait à sa place : qu’il avait autrefois prêté à ton père et qu’il n’avait pu obtenir que difficilement

  1. Potone, sœur de Platon, avait épousé Eurymédon et en avait eu Speusippe.