Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/149

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CRATYLE.

Du moins, je pense, pour l’expression du mouvement.

SOCRATE.

Mais ce λ placé dans le mot σκληρότης n’exprime-t-il pas le contraire de la rudesse ?

CRATYLE.

Peut-être en effet n’est-il pas bien à sa place, Socrate. Tu as assez retranché ou ajouté de lettres, partout où il le fallait, dans les explications que tu as données à Hermogène ; et pour moi, je trouvais que tu faisais bien ; de même ici, peut-être faudrait-il substituer un ρ au λ.

SOCRATE.

Je suis de ton avis ; mais quoi, de la façon dont nous prononçons aujourd’hui ce mot σκληρόν, rude, est-ce que nous ne nous comprenons pas mutuellement ? Toi-même, ne l’en tends-tu pas en ce moment même où je le prononce ?

CRATYLE.

Je l’entends, cher Socrate, à cause de l’usage.

SOCRATE.

Mais quand tu dis l’usage, crois-tu parler d’autre chose que d’une convention ? L’usage ne consiste-t-il pas en ce que, quand je prononce un mot, je conçois quelque chose, et