Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/190

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nous accorderons tous, je crois, à appeler un art de procurer du plaisir.

THÉÉTÈTE.

À la bonne heure.

L’ÉTRANGER.

Mais cette autre espèce de chasse, qui prétend ne chercher la conversation des gens que pour leur enseigner la vertu, et qui veut son salaire en argent comptant, n’est-ce pas bien la peine de la distinguer par un autre nom ?

THÉÉTÈTE.

Oui, certes.

L’ÉTRANGER.

Et lequel ? Tâche de me le dire.

THÉÉTÈTE.

C’est clair. Voilà le sophiste trouvé, à ce qu’il paraît. Quant à moi du moins, en le nommant ici, je crois rencontrer le mot propre.

L’ÉTRANGER.

Ainsi, Théétète,il résulte de tout ce que nous venons de dire, que par la sophistique il faut entendre l’art de s’approprier, d’acquérir avec violence, à la chasse aux animaux marcheurs, terrestres et apprivoisés, à la chasse de l’espèce humaine, chasse privée, qui poursuit un salaire, un salaire payable en argent comptant, et qui prend, par l’appât trompeur de la science, des jeunes gens riches et de distinction.