Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/208

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L’ÉTRANGER.

L’autre est ce qu’on appelle ignorance; mais on ne veut pas convenir que, quand ce mal entre dans l’âme, il suffit à lui seul pour la rendre mauvaise.

THÉÉTÈTE.

Il faut bien accorder, ce dont je doutais, quand tu l’as dit tout à l’heure : qu’il existe dans l’âme deux sortes de maux, et qu’on doit considérer comme maladie en nous toute lâcheté, tout excès, toute injustice, et comme laideur l’ignorance à laquelle notre âme est sujette de tant de manières.

L’ÉTRANGER.

Or n’existe-t-il pas pour le corps deux arts qui s’appliquent à ces deux sortes de maux ?

THÉÉTÈTE.

Lesquels ?

L’ÉTRANGER.

Pour la laideur, la gymnastique, et pour les maladies, la médecine.

THÉÉTÈTE.

Il est vrai.

L’ÉTRANGER.

Eh bien ! pour l’intempérance, l’injustice et la lâcheté, la justice qui punit est, de tous les arts, le plus convenable.

THÉÉTÈTE.

À ce qu’il semble du moins, sauf erreur humaine.