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TIMÉE.

Niobé, le déluge de Deucalion [22b] et de Pyrrha, leur histoire et leur postérité, supputant le nombre des années et essayant ainsi de fixer l’époque des événements. Un des prêtres les plus âgés lui dit : Ô Solon, Solon, vous autres Grecs vous serez toujours enfants ; il n’y a pas de vieillards parmi vous. — Et pourquoi cela ? répondit Solon. — Vous êtes tous, dit le prêtre, jeunes d’intelligence ; vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité. En [22c] voici la raison. Le genre humain a subi et subira plusieurs destructions, les plus grandes par le feu et l’eau, et les moindres par mille autres causes. Ce qu’on raconte chez vous de Phaéton, fils du Soleil, qui, voulant conduire le char de son père et ne pouvant le maintenir dans la route ordinaire, embrasa la terre et périt lui-même frappé de la foudre, a toute l’apparence d’une fable ; ce qu’il y a [22d] de vrai, c’est que dans les mouvements des astres autour de la terre, il peut, à de longs intervalles de temps, arriver des catastrophes où tout ce qui se trouve sur la terre est détruit par le feu. Alors les habitants des montagnes et des lieux secs et élevés périssent plutôt que ceux qui habitent près des fleuves et sur les bords de la mer. Pour nous, le Nil nous sauve de cette calamité comme de beaucoup d’autres, par le débordement de