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TIMÉE.

le poumon autour du cœur, comme un de ces corps mous qu’on oppose dans les siéges aux coups du bélier ; ils voulurent que quand la colère fait battre le cœur avec force, rencontrant quelque chose qui lui cède et dont le contact rafraîchit, il puisse avec moins de peine obéir à la raison en même temps qu’il obéit à la colère. Pour la partie de l’âme qui demande des aliments, des breuvages et tout ce que la nature de notre corps nous rend nécessaire, [70e] elle a été mise dans l’intervalle qui sépare le diaphragme et le nombril, et les dieux l’ont étendue dans cette région comme dans un râtelier où le corps pût trouver sa nourriture. Ils l’y ont attachée comme une bête féroce, qu’il est pourtant nécessaire de nourrir pour que la race mortelle subsiste. C’est donc pour que, sans cesse occupée à se nourrir à ce râtelier, et aussi éloignée que cela se pouvait du siége du gouvernement, elle causât le moins de trouble et fit le moins de bruit possible, [71a] et laissât le maître délibérer en paix sur les intérêts communs, c’est pour cela que les dieux la reléguèrent à cette place. Et, voyant qu’elle ne comprendrait jamais la raison, et que, si elle éprouvait quelque sensation, il n’était pas de sa nature d’écouter des conseils raisonnables, et qu’elle se laisserait plutôt séduire le jour et la nuit par des spectres et des fantômes, les dieux,