Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/753

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
TIMÉE.

mêlé en une juste proportion de l’eau, du feu et de la terre, et ajouté à ce mélange un levain composé [74d] de parties aigres et salées, produisit ainsi la chair molle et pleine de suc ; pour former ensuite les nerfs, il combina des os et de la chair sans levain, et fit sortir de ce mélange une substance à laquelle il donna une couleur fauve, et qui est un intermédiaire entre la nature des os et celle de la chair : de sorte que les nerfs sont plus durs et plus secs que la chair, plus humides et plus mous que les os. Dieu se servit des nerfs pour réunir les os et la moelle, et les attacher ensemble ; puis il recouvrit [74e] le tout d’une enveloppe de chair. Il mit peu de chair sur les os qui contenaient le plus d’âme, mais ceux qui n’en contenaient point du tout furent couverts d’une chair épaisse. Dans les jointures des os, lorsque la raison ne montrait pas quelque nécessité de placer beaucoup de chair, il en mit fort peu, dans la crainte que la chair, qui empêcherait de plier les membres, ne rendît le corps difficile à se soutenir, en le rendant difficile à se mouvoir ; et parce que la chair, si elle était épaisse, en s’entassant sur elle-même, mettrait par sa densité un obstacle à la sensation, rendrait la mémoire paresseuse et paralyserait l’intelligence. C’est pour cela que les cuisses, [75a] les jambes, les han-