Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/846

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
TIMÉE DE LOCRES.

choses divines. Cette contemplation assidue, avec de la modération et quelque aisance, suffit pour rendre heureuse une vie entière. C’est une croyance très-légitime, que celui à qui la Divinité a donné ces biens en partage est sur la route du souverain bonheur ; mais pour l’homme indocile et rebelle à la voix de la sagesse, que les châtiments des lois retombent sur lui, et ceux plus terribles encore dont nos traditions le menacent, vengeances du ciel, supplices de l’enfer, inévitables châtiments préparés sous la terre, et toutes ces peines expiatoires dont le poète d’Ionie a eu raison de nous dérouler le tableau ; car si l’on guérit quelquefois les corps avec des poisons, quand le mal ne cède pas à des remèdes plus sains, il faut aussi guérir les esprits par des mensonges, quand la vérité est impuissante. Qu’on y joigne, s’il le faut, la terreur de ces dogmes étrangers qui font passer les âmes des hommes timides dans des corps de femmes que leur faiblesse expose à l’injure, qui changent les meurtriers en bêtes féroces, les débauchés en pourceaux ou en sangliers, les hommes légers et frivoles en oiseaux, et ceux qui sont paresseux et fainéants, ignorants et stupides, en poissons. Némésis règle ces punitions dans une seconde vie, de concert avec les dieux terrestres, vengeurs des crimes dont ils ont été les témoins, et que le Dieu suprême de l’uni-