Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/947

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cessité qui domine une âme intelligente est la plus forte de toutes les nécessités, puisque c'est par ses lois et non par celles d'autrui qu'une telle âme gouverne; et lorsque, prenant conseil d'une intelligence excellente, elle se détermine à ce qu'il y a de meilleur, [982c] alors ce qu'elle a voulu s'exécute irrévocablement selon les décisions de son intelligence : le diamant même n'a pas plus de solidité ni de consistance, et l'on peut dire avec vérité que les trois Parques maintiennent et garantissent l'exécution parlaite de ce que chacun des dieux a résolu après la plus sage délibération. D'où il sait que les hommes devaient considérer comme un signe de l'intelligence qui anime les astres et préside à toutes les révolutions célestes la constance avec laquelle s'exécutent leurs mouvements, parce que d'antiques décrets les ont déterminés depuis un temps [982d] presque infini, et ne leur permet tout le moindre changement ni dans la direction ni dans l'ordre de leur marche. Tout au contraire, quelques hommes, en voyant les astres faire toujours les mêmes choses et de la même manière, ont cru par cela même que les astres n'avaient point d'âme. La multitude a suivi ces insensés, en sorte qu'elle a attaché la raison et la vie à ce qui est humain parce qu'il se meut comme il lui plaît, et qu'elle a privé d'intelligence ce qui est divin parce qu'il persévère toujours dans le même mouvement. Il était permis à l'homme de s'élever à une conception [982e] plus belle, plus juste et plus agréable aux dieux, et de comprendre que ce qu'il faut reconnaître comme doué d'intelligence, c'est précisément ce qui fait toujours les mêmes choses, suivant les mêmes règles, de la même manière. Tels sont les astres si beaux avoir, et dont la marche et les mouvements harmonieux surpassent tous les chœurs en majesté et magnificence, tandis qu'ils satisfont en même temps aux besoins de