Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/958

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tant ces naturels sont rares, autant, lorsqu'ils existent, et qu'ils ont reçu la culture et l'éducation nécessaires, ils sont propres à maintenir dans le devoir la foule des caractères moins distingués, parce qu'en toute circonstance ils pensent, ils font et ils disent à l'égard des dieux ce qu'il y a de mieux, éloignés de toute ostentation de piété dans les sacrifices et les expiations qui ont pour objet les dieux ou les hommes, et rendant un hommage sincère à [989d] la vertu, ce qui est le plus grand de tous les avantages pour l'État. Je dis donc que ces naturels ont les meilleures dispositions à apprendre parfaitement, pourvu que quelqu'un leur serve de maître. Mais nul ne peut enseigner que sous la direction de Dieu; de manière que si celui qui veut enseigner ne s'y prenait pas comme il faut, il vaudrait mieux ne rien apprendre de lui. Cependant, suivant ce que nous disons, c'est une nécessité pour ces heureux naturels d'apprendre la sagesse comme pour moi de l'enseigner. [989e] Tâchons donc d'expliquer, selon mes lumières et selon la portée de ceux pour qui je parle, [990a] quelle est cette science propre à inspirer la piété envers les dieux, et comment ou doit l'apprendre.

On sera peut-être surpris en entendant le nom de cette science : je vais le dire, car personne ne le soupçonnerait, à cause du peu de connaissance qu'on a de la chose : c'est l'astronomie. Ignorez-vous qu'il est nécessaire que le véritable astronome soit aussi très sage? Non pas celui qui observe les astres suivant la méthode d'Hésiode et de tous les auteurs semblables, se bornant à en étudier le lever et le coucher; mais celui qui des huit révolutions a observé principalement celle des sept planètes, dont chacune décrit son cercle [990b] d'une manière qu'il n'est pas donné à tout le monde de bien connaître, à moins qu'on ne soit doué d'un naturel