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CHARMIDE

ce qu’a compris l’auteur de la dédicace, si je ne me trompe : le dieu, en guise de salut, leur dit en réalité : Soyez sages. Mais il le dit, en sa qualité de devin, sous une forme énigmatique : « Sois sage » ou « Connais-toi toi-même », c’est au fond la même chose, ainsi qu’il résulte du texte et que je le soutiens ; mais on peut s’y tromper, et c’est ce qui est arrivé aux auteurs des inscriptions suivantes, « Rien de trop », et « Caution appelle malheur » : comme ils voyaient dans le « Connais-toi toi-même » un conseil et non un salut du dieu, ils ont voulu apporter à leur tour leur part de bons conseils et ils en ont fait des inscriptions dédicatoires. Tout ce discours, Socrate, aboutit à ceci : je retire tout ce que j’ai dit précédemment. Peut-être avais-tu raison sur certains points, peut-être n’avais-je pas tort sur d’autres ; mais rien n’était tout à fait clair dans nos affirmations. Je suis prêt maintenant à discuter si tu contestes que la sagesse consiste à se connaître soi-même. »


Discussion de la nouvelle définition de Critias : intermède sur la méthode.

— « Mon cher Critias, ton attitude envers moi semble m’attribuer la prétention de connaître les choses sur lesquelles je pose des questions, et tu parais croire qu’il dépend de moi de t’accorder ce que tu demandes ; il n’en est rien ; j’examine avec toi chaque problème à mesure qu’il se présente parce que je n’en possède pas la solution ; après examen, je te dirai volontiers si je suis, oui ou non, d’accord avec toi, mais attends que j’aie terminé mon enquête. » — « Fais-donc ton enquête, » dit-il.

— « C’est ce que je vais faire. Si la sagesse consiste à connaître une certaine chose, il est clair qu’elle est une science et qu’elle est la science d’une chose particulière. N’est-il pas vrai ? » — « Oui : la science de soi-même. » — « Et la médecine est la science de la santé ? » — « Oui. » — « Si tu me demandais maintenant, étant donné que la médecine est la science de la santé, à quoi elle sert et quel avantage elle nous procure, je te répondrais qu’elle nous est fort utile, puisque son œuvre propre est de nous donner la santé, chose fort précieuse. Admets-tu ce raisonnement ? » — « Je l’admets. » — « Si tu me demandais, à propos de l’architecture, quelle œuvre elle réalise en tant