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NOTICE

l’étude des armes, Lachès la tourne en ridicule avec conviction.

Devant ce désaccord de deux juges également qualifiés, Socrate fait remarquer qu’à moins de compter les voix, procédé peu satisfaisant, il est nécessaire de reprendre la question, mais suivant une méthode différente. Il s’agit d’abord de savoir sur quel objet précis on discute, et, cet objet déterminé, d’en obtenir une définition exacte.

L’objet en discussion se ramène à la notion du courage, puisque les deux orateurs ont l’un affirmé, l’autre nié, que la science des armes enseignât le courage.

Qu’est-ce donc que le courage ? Ici commence la discussion dialectique, divisée en deux parties qui se complètent et se font pendant : l’une entre Lachès et Socrate, l’autre entre Nicias et le même Socrate.

La discussion avec Lachès rappelle la discussion avec Charmide dans le dialogue de ce nom, et l’intervention de Nicias ressemble par certains côtés à celle de Critias suppléant Charmide.

Lachès est un homme courageux et un esprit simple. Les définitions successives qu’il donne de la vertu qui est la sienne, ne sont pas fausses, mais elles manquent de rigueur et n’embrassent pas toute l’étendue de l’idée à définir : ce sont des définitions populaires, tout à fait insuffisantes pour un dialecticien rigoureux.

Nicias, qui est un esprit cultivé et qui se pique d’avoir fréquenté les savants, donne une définition qui vise à la profondeur et où l’idée de science, inséparable aux yeux de Socrate de l’idée de vertu, intervient. Mais Socrate n’est pas encore satisfait et l’amène à reconnaître que ce qu’il a défini, c’est peut-être la vertu en général, mais que ce n’est pas la vertu de courage en particulier.

Donc, ni l’un ni l’autre n’ont abouti au résultat cherché. Après une amusante dispute où Lachès et Nicias se raillent mutuellement, Socrate refuse de se prononcer sur le fond du débat et déclare qu’il va lui-même sans retard se remettre à l’école. Lysimaque entre dans le badinage et convient avec Socrate qu’on se retrouvera le lendemain pour examiner de nouveau la question.

Quel est le sens de cette conclusion d’apparence négative ?