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NOTICE

du dialogue est habile, et comme ce drame, avec ses éléments si variés et ses péripéties imprévues, est conduit d’une main sûre et légère au terme par le génie du dramaturge.

III

SIGNIFICATION PHILOSOPHIQUE

Que signifie au fond toute cette discussion et quel en est l’objet véritable ? Quels en sont en outre, aux yeux du lecteur moderne, l’intérêt et la portée ?

Le problème précis que les interlocuteurs du dialogue s’efforcent de résoudre porte, nous l’avons vu, sur la nature de la vertu. Mais, en dehors de cette question particulière il en est une autre, plus générale, qui se trouve posée d’un bout à l’autre de l’entretien par la différence des méthodes qu’emploient les sophistes d’une part et Socrate de l’autre pour résoudre le problème en discussion : il s’agit de savoir quelle est la valeur relative de ces méthodes ; et c’est sur leurs résultats qu’elles doivent être jugées, et c’est à montrer ce qu’elles valent que tend tout le dialogue. Problème capital aux yeux de Socrate, aussi important que celui qui fait l’objet concret de la discussion, puisqu’il en est inséparable et qu’il faut commencer par le résoudre pour aborder l’autre avec fruit.

Quelles sont les méthodes ? Celle des sophistes comprend trois procédés : le mythe, le discours suivi, le commentaire des poètes. Celle de Socrate consiste essentiellement dans la dialectique. L’opposition est formelle et elle est mise en relief à maintes reprises dans le dialogue. Voyons sur quoi elle repose et par quoi elle se justifie aux yeux de Socrate et de Platon.

On peut définir le « mythe » un récit de caractère poétique, tantôt légendaire et traditionnel, tantôt fictif. Le mythe du Protagoras, sur Épiméthée et Prométhée, paraît être plutôt fictif que légendaire, et peut-être l’invention en appartenait-elle au sophiste lui-même, à qui Platon l’aurait emprunté comme Xénophon a pris, dit-on, à Prodicos le mythe d’Héraclès entre le Vice et la Vertu. Quoi qu’il en