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PHÉDON

subira n’importe quelle vicissitude, avant qu’il ait enduré, étant encore trois, d’être devenu pair ? — C’est, dit Cébès, absolument certain. — Il n’est pas moins certain, fit Socrate, qu’il n’y a pas contrariété entre la Dyade et la Triade. — Non, bien sûr ! — Ce ne sont donc pas seulement les formes entre lesquelles il y a contrariété qui n’endurent pas l’approche l’une de l’autre ; il y en a aussi certaines autres qui n’endurent pas l’approche des contraires. — C’est la vérité même ! dit-il. — Veux-tu donc, reprit Socrate, que, si nous en sommes capables, nous déterminions de quelle sorte sont ces dernières ? — Hé ! absolument. — Ne seraient-ce donc pas, dit-il, d celles-ci, Cébès ? celles dont la mainmise sur quoi que ce soit ne le contraint pas seulement à posséder sa propre nature à soi, mais encore celle d’un contraire qui toujours a un contraire[1] ? — Comment dis-tu ? — Comme nous disions il n’y a qu’un instant. Voyons, tu le sais bien, tout ce qui subit la mainmise de la nature du Trois, cela nécessairement n’est pas seulement trois, mais est aussi impair. — Hé ! absolument. — Par suite, disons-nous, à ce qui est de même sorte ne surviendra sans doute jamais telle nature, qui s’opposerait en contrariété au caractère dont le rôle est d’achever de façonner ce dont il s’agit. — Non, en effet. — Or le caractère qui, c’est entendu, le façonne est bien « impair » ? — Oui. — Et le caractère contraire, c’est celui du pair ? — Oui. — Au e Trois, par conséquent, jamais ne surviendra la nature du Pair. — Non certes ! — Par suite, le Pair n’est pas l’attribut du Trois. — Ce n’en est pas l’attribut. — Donc la Triade est non-paire. — Oui. — Voilà en somme ce que j’appelais déterminer de quelle sorte sont les formes qui, sans être le contraire de telle autre, ne la reçoivent pourtant pas, cette forme contraire : exemple, à présent, la Triade qui, n’étant pas le contraire du Pair, ne le reçoit, pour cela, nullement davantage en elle, car elle apporte toujours avec elle ce qui est le contraire de celui-ci : comme la Dyade, le contraire de l’Impair ; le Feu, le contraire du Froid ; et quantité 105 de formes encore. Eh bien ! vois donc si tu t’arranges de cette détermination : ce n’est pas seulement le

  1. Ce qui reçoit la forme Triade devient trois et, en outre, impair, puisque par là-même il reçoit la forme Imparité ; il se nie donc comme pair : double effet, positif et négatif, de la participation.