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PHÉDON

tence et les caractères, en déterminant une relation physique entre cette région et celle que nous habitons, nous ou nos pareils, autour de cette mer ou autour d’autres mers dans lesquelles se déversent des fleuves. C’est donc, en un sens, un problème hydrographique qui intéresse ici Platon[1], ou plutôt un problème général d’écoulement, car les fleuves et les lacs peuvent être aussi de feu liquide : au voisinage de la mer, notamment en Sicile, il y a des volcans d’où jaillissent des laves et de la boue, qui forment ensuite (cf. 111 de) de vrais fleuves.

Puisqu’il existe une relation entre les dépressions de la terre moyenne et celles de la terre inférieure, il est naturel que ces dernières constituent des abîmes (χάσμα), plus ou moins largement ouverts que les dépressions connues de nous et qui les prolongent sur une profondeur plus ou moins grande[2]. Par des orifices plus ou moins larges et par des voies de passage (διέξοδοι), qui se trouvent en maints endroits sous la terre, ces dépressions communiquent entre elles, non pas nécessairement, comme on le verra[3], chacune avec chacune, mais toutes avec les dépressions de notre terre et avec une dépression intérieure centrale (cf. 112 cd). En outre, puisqu’il y a au cœur de la terre de telles dépressions avec des voies d’écoulement, il doit s’y trouver aussi des lacs de liquide stagnant analogues à nos mers intérieures, et des fleuves analogues à nos fleuves : lacs et fleuves d’eau chaude ou glacée, claire ou boueuse à des degrés divers, lacs et fleuves de feu semblables à nos torrents de lave ou de cendres brûlantes.

À la vérité, le problème comporte deux questions : la première est de savoir pourquoi ces voies de passage sont celles d’un courant et d’où en provient originairement le flot ; la seconde, de savoir pourquoi ce qui coule est de l’eau, ou du feu, ou de la boue. La réponse à la première question est fournie par la théorie du balancement de l’eau centrale

  1. C’est ainsi que, dans ses Météorologiques, Aristote envisage ce morceau du Phédon ; cf. p. 92, n. 4.
  2. Platon ne considère que trois cas : profondeur et étendue supérieures ; profondeur plus grande et étendue inférieure ; étendue supérieure et profondeur moins grande ; sans doute juge-t-il impossible que l’étendue et la profondeur soient toutes deux moins grandes.
  3. Pour le Pyriphlégéthon et le Cocyte, voir 113 b 3 et c 6.