Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 1 (éd. Robin).djvu/77

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NOTICE

descend aussi loin qu’elle peut descendre ; mais, puisque cette descente signifie en même temps une montée vers le centre, le point d’embouchure sera nécessairement, à un degré d’ailleurs variable (112 d, 113 b), plus voisin du fond de la sphère que le point d’émission. S’il en était autrement, le Tartare, étant à la fois l’origine de l’amont et le terme de l’aval, l’un et l’autre se confondraient : il n’y aurait plus de courant et la source serait l’embouchure. — Comment doit-on cependant se représenter leurs positions par rapport au centre géométrique de la sphère ? Platon distingue trois cas (112 de) : ou bien la bouche de sortie et la bouche de rentrée sont à l’opposé l’une de l’autre ; ou bien elles sont du même côté ; ou bien enfin, en se rapprochant toujours davantage du centre vers lequel il remonte sans pouvoir le dépasser, le fleuve fait sur lui-même un ou plusieurs tours complets, à la façon d’un serpent qui s’enroule, et la remontée se fait d’un côté aussi bien que de l’autre par rapport au centre, l’embouchure étant d’ailleurs toujours plus voisine du fond que la source.

Ceci dit, voyons comment se fait la distribution des eaux à partir du Tartare et jusqu’au Tartare. Comme la nôtre, la terre intérieure possède, on le sait, des dépressions et des voies d’écoulement. Celles-ci sont comparées à des rigoles d’irrigation (112 c, d) préparées pour recevoir l’eau qu’on y distribue. L’eau y est envoyée par à-coups, mais suivant une succession régulière et de manière à produire l’apparence d’un courant continu. D’autre part ces voies d’écoulement, en même temps qu’elles mènent toutes au Tartare, font communiquer aussi les régions intérieures avec les régions extérieures, la nôtre ou ses pareilles. Quand donc l’eau du Tartare est soulevée par l’oscillation, elle remplit les voies d’écoulement de la région intérieure et invisible ; puis elle passe dans celles de la région extérieure et visible ; le gros du flot les remplit en s’infiltrant sous la terre, en passant par tous les pertuis ; il alimente ainsi ces sources, ces fleuves, ces lacs, ces mers que nous voyons, nous ou nos semblables. Mais ensuite, de nouveau il s’enfonce sous la terre et revient ainsi jusqu’au Tartare par un trajet plus ou moins long (111 e s. in., 112 cd, 113 c 3). Comme ce mouvement de va-et-vient ne s’interrompt jamais, Platon peut dire à bon droit (111 d 5) des fleuves intérieurs qu’ils sont intarissables :