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MÉNEXÈNE

la Grèce. Nous avons donc le devoir de rappeler aussi ceux qui complétèrent les exploits de leurs prédécesseurs, et achevèrent l’œuvre de salut en purgeant et en débarrassant la mer de toute la gent barbare. C’étaient les combattants sur mer e de l’Eurymédon[1], les soldats qui firent campagne contre Cypre[2], ceux qui cinglèrent vers l’Égypte et vers bien d’autres contrées. Il faut rappeler leur souvenir, et leur savoir gré d’avoir obligé le Grand Roi, pris de peur, à se préoccuper de son propre salut, au lieu de machiner la ruine de la Grèce.


Luttes contre la Grèce.

C’est ainsi que notre cité tout entière vint à bout de cette guerre soutenue 242 contre les Barbares pour son propre salut et pour celui des autres peuples de même langue. Mais la paix une fois faite, alors que notre cité était dans sa gloire, elle essuya le sort que les hommes se plaisent à infliger au succès : d’abord la rivalité ; puis, à la suite de la rivalité, l’envie ; et c’est ainsi que notre cité fut malgré elle mise en guerre avec la Grèce. Là-dessus, les hostilités ayant éclaté, ils en vinrent aux mains à Tanagra[3] avec les Lacédémoniens, en combattant pour la liberté des Béotiens. b La lutte resta incertaine, mais l’acte suivant fut décisif ; l’ennemi se retira et partit, abandonnant ceux qu’il secourait ; les nôtres, vainqueurs au bout de trois jours à Œnophytes, ramenèrent d’exil, conformément à la justice, les bannis injustement chassés. Ceux-là furent les premiers, après les guerres médiques, à défendre contre des Grecs la liberté grecque ; ils se conduisirent en hommes de cœur, et après avoir affranchi ceux c qu’ils secouraient, ils furent, les premiers, déposés dans ce monument avec les honneurs publics.


La guerre du Péloponnèse.

Plus tard, la guerre étant devenue générale, quand tous les Grecs marchèrent contre notre pays et le ravagèrent, payant indignement à notre cité leur dette de

  1. En 470 (ou 466). Les Athéniens et leurs alliés s’emparèrent de la flotte ennemie et anéantirent une escadre de secours (Thuc., I, 100).
  2. En 449, les Athéniens et leurs alliés battirent devant Salamine (de Chypre) une escadre phénicienne et cilicienne (Thuc., I, 112).
  3. En juillet 457. Voir la Notice, p. 63, et note 2.