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ION

539 Infortunés ! quel mal vous arrive ? La nuit
vous couvre, de la tête et de la face aux pieds,
et une plainte éclate et vos joues sont en larmes ;
de fantômes le porche est plein, la cour est pleine ;
ils s’en vont vers l’Érèbe et l’ombre ; le soleil
a disparu du ciel, sous la b brume sinistre[1],

et maintes fois dans l’Iliade ; par exemple, au combat du mur. Là encore, il dit[2] :

Un oiseau vint sur eux, qui tentaient le passage,
un aigle de haut vol, à gauche, arrêtant l’ost.
c Aux serres il portait un serpent rouge, énorme,
vivant et palpitant, et belliqueux encore :
il piqua son vainqueur près du col, à la gorge,
en retournant la tête ; et l’autre, de douleur,
le rejeta à terre, au milieu de la foule,
d et puis, avec un cri, s’envola dans le vent.

Ces endroits, et ceux du même genre, c’est au devin, dirai-je, qu’il appartient de les examiner et de les juger.

Ion. — Et tu auras raison, Socrate.

Socrate. — Toi aussi, Ion, tu as raison de le dire. Allons ! à ton tour : je t’ai choisi dans l’Odyssée et dans l’Iliade des endroits qui, par leur nature, appartiennent au devin, au médecin et au e pêcheur. Cite-m’en de même, puisqu’aussi bien tu es plus versé que moi dans les œuvres d’Homère, qui appartiennent au rhapsode, Ion, et à l’art du rhapsode,

    225-256. Revenant à Ithaque et passant par Pylos, Télémaque est abordé par Théoclymène, un devin qui vient d’Argos, d’où il a été exilé pour un meurtre. Il accepte de le prendre avec lui et le ramène à Ithaque.

  1. Odyssée, XX, 351-357. Parmi les prétendants attablés, qui viennent d’entendre les paroles de Télémaque, Pallas, égarant leur raison, suscite un rire inextinguible. En même temps leurs yeux s’emplissent de larmes. C’est alors que Théoclymène prophétise leur mort prochaine et leur descente dans l’Hadès. Mais en l’écoutant ils se mettent à rire.
  2. Iliade, XII, 200-207. Les Troyens, qui ont repoussé les Achéens jusqu’au rempart du camp, s’apprêtent à le franchir, conduits par Polydamas et Hector. À la vue du présage, ils sont saisis de crainte Polydamas l’interprète et conseille à Hector la retraite.