eils seront le mieux à portée de maîtriser au dedans les citoyens, s’il en est qui se révoltent contre la loi, et de repousser les attaques du dehors, si l’ennemi vient comme un loup fondre sur le troupeau. Quand ils auront établi leur camp[1] et fait les sacrifices à qui il convient, qu’ils dressent leurs tentes ; qu’en dis-tu ?
Je dis comme toi, répondit-il.
Des tentes propres à les abriter l’hiver et à les protéger contre la chaleur, n’est-ce pas ?
Sans doute : car il me semble, dit-il, que tu veux parler de leurs habitations.
Oui, dis-je, mais d’habitations de soldats, non d’hommes d’affaires.
416Quelle différence fais-tu ici encore entre les deux ? demanda-t-il.
Je vais, repris-je, essayer de te l’expliquer. Rien ne serait plus terrible et plus honteux pour des bergers que de nourrir et de former, pour les aider à protéger leurs troupeaux, des chiens que l’intempérance, la faim ou quelque vicieuse habitude porterait à faire du mal aux moutons et à devenir loups de chiens qu’ils devraient être.
Ce serait terrible, dit-il, à coup sûr.
bNe faut-il pas prendre toutes les mesures pour empêcher que nos défenseurs ne se conduisent ainsi à l’égard des citoyens, et qu’abusant de leur force, de protecteurs bienveillants, ils ne deviennent des maîtres sauvages[2] ?
Il faut y prendre garde, dit-il.
Mais le plus sûr moyen de les prémunir contre les tentations, c’est de leur donner réellement une bonne éducation.
Eh bien ! ne l’ont-ils pas reçue ? dit-il.
À quoi je répondis : Il n’y a pas de raison suffisante de l’affirmer, mon cher Glaucon ; ce qu’on peut assurer, c’est, comme je viens de le dire, qu’il faut leur donner la véritable éducation, cquelle qu’elle soit, pour les disposer le mieux