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LA RÉPUBLIQUE IV

Voilà donc une des quatre choses que nous venons je ne sais comment de découvrir, elle et l’endroit où elle réside.

Je crois, dit-il, que nous devons nous tenir pour satisfaits de la découverte.


Le courage se
trouve dans le corps
des guerriers.

VII  Quant au courage en lui-même et à la partie de l’État où il se trouve, partie qui fait donner à l’État le nom de courageux, c’est une chose qui n’est pas bien difficile à découvrir.

Comment ?

bDoit-on, repris-je, pour dire si l’État est lâche ou courageux, considérer autre chose que cette partie qui combat et fait la guerre pour lui ?

Non, répondit-il, il n’y a pas autre chose à considérer.

Que les autres citoyens soient lâches ou courageux, repris-je, il ne dépend pas d’eux, à mon avis, que l’État soit l’un ou l’autre.

Non en effet.

L’État est donc courageux par une partie de lui-même, parce que c’est en cette partie que réside le pouvoir de maintenir en tout temps cl’opinion relative aux choses qui sont à craindre[1], choses qui doivent être les mêmes et de la même nature que celles que le législateur a indiquées dans son plan d’éducation. N’est-ce pas là ce que tu appelles le courage ?

Je n’ai pas bien saisi, dit-il, ce que tu viens de dire ; répète-le.

Je repris : je dis que le courage est une sorte de conservation.

Conservation de quoi ?

De l’opinion que la loi a créée par le moyen de l’éducation sur les choses qui sont à craindre et sur leur nature. J’ai ajouté que le courage la maintenait en tout temps, parce qu’en effet dil la conserve dans le chagrin, dans le plaisir, dans le désir, dans la crainte, sans jamais la rejeter. Je vais, si tu veux, illustrer ma pensée par une comparaison.

  1. Pour Socrate et Platon, la vertu est science et le vice ignorance. Le Lachès a pour but de démontrer que le courage lui-même n’est autre chose que la connaissance de ce qui est à craindre et de ce qui ne l’est pas.