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LETTRE III




315 a 9

Introduction :
la formule de salutation.

« Platon à Denys, réjouis-toi ! » Ai-je trouvé pour ma lettre bla meilleure formule de salutation ? ou écrirai-je plutôt, suivant ma coutume quand je m’adresse à mes amis « Bon succès[1] » ? Toi-même, comme l’ont rapporté ceux qui en furent alors les témoins, tu saluas le dieu à Delphes précisément par cette formule, et tu écrivis, dit-on :

Réjouis-toi et conserve heureuse la vie d’un tyran.

cMoi, je ne voudrais exprimer de tels vœux pour un homme, à plus forte raison pour un dieu : pour un dieu, car mes souhaits seraient incompatibles avec la nature divine, qui est fixée hors des atteintes du plaisir et de la douleur[2] ; pour un homme : le plus souvent, plaisir comme douleur sont sources de dommage, car ils engendrent dans l’âme lourdeur d’esprit, oubli, sottise, insolence. Ceci soit dit au sujet de la salutation. Pour toi, quand tu auras lu, choisis ce que bon te semble.


But apologétique de la lettre.

On raconte çà et là les propos que tu tiens à plusieurs de ceux qui ont été envoyés auprès de toi. dJ’aurais appris de ta bouche tes projets de relever les villes grecques en Sicile et d’alléger les Syracusains en transformant en royauté la tyran-

.

  1. Sur la formule de salutation, voir la notice particulière et lettre I, note 1.
  2. Cf. Épinomis 985 a : θεὸν μὲν γὰρ δὴ τὸν τέλος ἔχοντα τῆς θείας μοίρας ἔξω τούτων εἶναι, λύπης τε καὶ ἡδονῆς…