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LETTRE VII

digression. — Platon énonce d’abord un principe : on ne doit jamais imposer un conseil ; on le donnera à ceux-là seuls qui le désirent et sont disposés à le suivre. Mais, avant toute chose, on évitera la violence. Donc, pas de coup de force. Si les citoyens refusent d’écouter le langage du bon sens, la seule ressource sera de prier les dieux pour la cité. — Les avis que renouvelle le sage conseiller, il les avait déjà donnés à Denys, l’exhortant à s’entourer d’amis vertueux et à commencer par se vaincre lui-même. Le tyran n’en tint aucun compte. Ce fut l’origine des malheurs de la Sicile que l’écrivain, dans une nouvelle digression, se laisse entraîner à narrer, depuis les dissensions de Denys et de Dion, l’exil de ce dernier, jusqu’à la double libération de Syracuse et au crime de Callippe qui devait bientôt replonger la Sicile dans l’anarchie. — Enfin Platon revient au sujet et répond à la question : que devons-nous faire pour réaliser les plans de Dion ? En premier lieu, il engage les amis de l’ordre à travailler à la réforme intérieure de leurs concitoyens, à restituer dans leur pays les valeurs morales, la sagesse, la tempérance, la justice. Telle est la base des réformes extérieures. Ils pourront ensuite convoquer une assemblée qui établira une constitution, posera des lois équitables, ne favorisant pas un parti au détriment d’un autre, et auxquelles tous obéiront. Ainsi sera détruite l’arbitraire tyrannie et régnera dans toute la cité « l’égalité et la communauté des droits » (330 c-337 e).

Ce plan tracé, l’épistolier reprend la narration de ses voyages et de son action en Sicile. Il raconte les événements de sa troisième expédition et comment, après s’être longtemps débattu, il dut céder aux instances de Denys et de Dion. On prétendait que Denys s’était pris d’un bel amour pour la philosophie. Ne fallait-il pas éprouver la réalité de ce nouveau zèle et le favoriser s’il en valait la peine ? Platon s’y emploiera en se servant d’un procédé infaillible. Il montrera au prince en quoi consiste la vraie philosophie : elle n’est pas connaissance superficielle, mais travail en profondeur, difficile, aride, travail moral autant qu’intellectuel, union de la vertu et de la dialectique. Denys ne sut se plier à cette austère pédagogie et manifesta vite l’inanité de ses aspirations. Il se disait pourtant philosophe, il avait même composé une sorte de manuel sur les premiers principes. Comme si la philosophie pouvait se monnayer en formules ! Et dans une