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NOTICES

la continuité de la lettre qui est brisée. Après avoir exposé en général la méthode propre à découvrir une vocation philosophique, Platon aurait omis de faire connaître, ce qui était précisément le but de son analyse, l’application à Denys de cette méthode infaillible[1].


En somme, tradition, récit des événements, résumés de doctrines, composition capricieuse et en apparence négligée, imperfections du style qui permettraient à elles seules de dater cet écrit, tout semble converger vers l’attribution de la 7e lettre à Platon.

Lettre VIII.

Données historiques.

Nous avons dit en quelles circonstances Platon écrivit aux parents et amis de Dion la lettre précédente. Celle-ci s’adresse aux mêmes correspondants, mais le ton a changé : la nuance de mélancolie, presque de découragement qui prédominait dans la 7e lettre, s’est adoucie et a fait place à une note plus sereine, plus confiante dans l’avenir. Quand il écrivait cette 7e lettre, le philosophe ne jugeait pas utile de révéler les détails d’une organisation politique possible : les temps ne permettaient guère de prévoir l’heure où l’on pourrait enfin constituer un véritable État. Aussi se contentait-il d’envoyer des conseils généraux, plutôt théoriques, les conseils de moralité individuelle et sociale qui préparent les âmes aux réformes futures. Ici, au contraire, Platon décrit un plan précis de gouvernement ; il fournit les grandes lignes d’une constitution, comme d’une entreprise que l’on peut déjà songer à exécuter. C’est que les événements se sont bien modifiés. Après treize mois d’une dictature anarchique, Callippe, le meurtrier de Dion, a été chassé du pouvoir, vers 353 ou 352, par celui qui était devenu désormais l’âme de la résistance, Hipparinos, fils de Denys l’ancien et neveu de

  1. On lira avec profit, au sujet du passage philosophique, l’article de Taylor cité plus haut p. XLIV, et celui de W. Andreae, Die philosophischen Probleme in den platonischen Briefen dans Philologus, 1922, LXXVIII, Heft 1-2, pp. 34-87, surtout pp. 46-75.