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LETTRE V

d’un excès de confiance donnée sans connaissance ; on croit à la loyauté, à la droiture, à la fidélité d’un homme, et peu après, on découvre qu’il est méchant et infidèle ; on fait sur un autre la même expérience, et quand on l’a renouvelée souvent et principalement sur ceux que l’on estimait ses plus familiers et ses plus intimes, on finit, à force de heurts, par haïr tous les hommes et par n’en regarder absolument aucun comme sincère… N’est-ce pas honteux et n’est-il pas évident que c’est le fait d’un homme qui ne sait rien des choses humaines et prétend se mettre en relations avec les hommes ? S’il entreprenait ces relations en connaissance de cause, il jugerait les choses comme elles sont, c’est-à-dire que les tout à fait bons et les tout à fait pervers sont extrêmement rares, mais que le plus grand nombre se tient entre les deux » (89 d, e ; 90 a).

Quelques éditions attribuent cette lettre à Dion, très probablement à la suite de Ficin. Mais les manuscrits portent tous le nom de Platon. L’hypothèse d’Immisch, suivant laquelle l’épître, provenant sans doute de l’œuvre historique de Timée, devrait être considérée comme une pseudo-lettre de Dexippos à Denys, est trop fragile pour qu’on puisse la regarder comme probable. Il ne suffit pas, en effet, que le ton et les termes, du reste si peu précis, de cette brève rédaction correspondent plus ou moins à ce que nous savons par l’histoire des rapports qui s’établirent entre le général spartiate et le tyran syracusain.

III

LETTRES À DES CHEFS D’ÉTAT

Lettre V.

La 30e lettre socratique, imitation peut-être d’une lettre authentique de Speusippe à Philippe de Macédoine, fait allusion à l’influence politique de Platon à la cour macédonienne : sous le règne de Perdiccas, le philosophe a vraiment posé les bases du royaume actuellement gouverné par