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NOTICE

Développement de a) (380 a-381 a). — Ou il est impossible de donner un avis juste, ou il est possible de le donner. Dans le premier cas, il serait ridicule de délibérer ; dans le second, on suppose qu’il n’existe aucune connaissance permettant de donner cet avis, ou l’on suppose qu’il en existe une. S’il n’existe aucune connaissance, délibérer serait absurde ; dans le cas contraire, s’il existe une science à laquelle on puisse se référer, — ou les délibérants la possèdent, ou ils ne la possèdent pas, — ou les uns la possèdent, tandis que les autres ne l’ont pas. Dans le premier cas, la délibération devient inutile, dans le second, elle ne peut aboutir ; dans le troisième, ne suffit-il pas d’entendre l’avis d’un seul homme compétent ? Et dès lors, quelle peut bien être la raison d’être d’une délibération ?

Développement de b) (381 a-c). — Si tous les délibérants ont la compétence voulue, il est évident que leur avis sera identique. Mais il est bien superflu que tous le donnent. Leur zèle ne s’explique pas. Un seul d’entre eux suffira à cette tâche.

Développement de c) (381 c-382 e). — En portant leurs suffrages, les délibérants prétendent-ils juger les gens compétents ou les autres ? Évidemment pas les premiers. Quant aux seconds, il ne convient pas d’examiner leur avis, il faut les écarter du rôle de conseillers. Et alors, qui juge-t-on ?

De plus, si l’on est capable de juger les avis, est-il nécessaire que les autres les donnent ? Et si l’on en est incapable, quelle peut être la valeur de ces suffrages ? Le fait d’être réuni ne communique pas la compétence.

En troisième lieu, le fait de délibérer en commun est en contradiction avec les suffrages, de même que les suffrages sont en contradiction avec le zèle des conseillers. Car on se réunit parce qu’on a besoin de conseils, et l’on vote comme si on était compétent et comme si les conseillers n’étaient d’aucune utilité. On juge des gens qui sont censés savoir, comme s’ils ne savaient pas.

Enfin, ni les délibérants, ni les conseillers ne peuvent affirmer avec certitude que le but déterminé par la décision pourra être atteint, ni que la réalisation de ce but sera avantageuse.

Seuls, les gens de bien connaissent la nature, les motifs, la portée des conseils qu’ils donnent.