Page:Platon - Théétète. Parménide, trad. Chambry.djvu/120

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avoir désapprouvé des hommes vénérables par leur antiquité et leur sagesse. Vois donc, Théodore, s’il est à propos de courir un tel risque.

THÉODORE

Il serait inadmissible, Socrate, de renoncer à examiner les doctrines de ces deux écoles.

SOCRATE

XXVIII. — Il faut les examiner, puisque tu en as un si vif désir. À mon avis, notre enquête sur le mouvement doit commencer par cette question : que peuvent-ils bien vouloir dire en affirmant que tout se meut ? Ce que je demande, le voici : entendent-ils qu’il n’y a qu’une espèce de mouvement, ou, comme il me paraît à moi, qu’il y en a deux ? Mais je ne dois pas être seul de mon opinion ; prends ta part du risque, toi aussi, afin que, quelle qu’en soit la conséquence, nous la supportions en commun. Dis-moi donc : quand une chose passe d’un lieu à un autre ou qu’elle tourne sur place, n’appelles-tu pas cela mouvement ?

THÉODORE

Si.

SOCRATE

Voilà donc une première espèce de mouvement. Mais quand elle reste en place et vieillit, ou que de blanche elle devient noire, ou de dure, molle, ou qu’elle subit quelque autre altération, n’est-il pas juste de dire que c’est là une deuxième espèce de mouvement ?

THÉODORE

Il me le semble.

SOCRATE

C’est en effet incontestable. Je compte donc deux espèces de mouvement : l’altération et la translation.

THÉODORE

En quoi tu as raison.

SOCRATE

Cette distinction faite, adressons-nous maintenant à ceux qui prétendent que tout se meut et faisons-leur cette question : dites-vous que tout se meut des deux façons à la fois, par translation et par altération, ou que relie partie se meut des deux façons, telle autre de l’une des deux ?