le perçoive et si la connaissance qu’on en a est conforme à cette perception, on ne le confondra jamais avec n’importe quel autre que l’on connaît, que l’on perçoit et dont on a aussi une connaissance en accord avec la perception. Etait-ce bien cela ?
Oui.
Mais j’omettais le cas dont je parle en ce moment, où l’opinion fausse, disons-nous, se produit ainsi. On connaît l’un et l’autre, on voit l’un et l’autre, ou l’on a de l’un et de l’autre quelque autre sensation ; mais les deux empreintes ne correspondent pas chacune à la sensation qui lui est propre et, comme un mauvais archer, on lance son trait à côté du but et on le manque, et voilà justement ce qu’on appelle erreur.
Et l’on a raison.
Et maintenant, quand on a la sensation des signes de l’un, mais non de l’autre, et qu’on applique à la sensation présente ce qui appartient à la sensation absente, la pensée fait un jugement absolument faux. En un mot, sur ce qu’on n’a jamais su ni perçu, il n’est pas possible, semble-t-il, de se tromper ni d’avoir une opinion fausse, si du moins ce que nous disons à présent est fondé en raison ; mais c’est précisément dans les choses que nous savons et que nous sentons que l’opinion roule et tourne et se révèle fausse ou vraie : quand elle ajuste directement et exactement à chaque objet les empreintes et les marques qui lui sont propres, elle est vraie ; si elle les ajuste obliquement et de travers, elle est fausse.
Voilà une excellente explication, n’est-ce pas, Socrate ?
Tu en conviendras encore davantage, quand tu auras entendu ceci ; car il est beau de juger vrai, et honteux de juger faux.
Naturellement.
La différence tient, dit-on, à ceci. Quan