nous nous comprenions de part et d’autre, alors que nous ignorons encore ce qu’est la science ; et, pour t’en donner une nouvelle preuve, en ce moment même nous nous servons des termes « ignorer » et « comprendre », comme si nous avions le droit d’en user, alors que nous sommes privés de la science.
Mais de quelle manière discuteras-tu, Socrate, si tu t’abstiens de ces termes ?
D’aucune, étant l’homme que je suis, mais je le pourrais si j’étais un disputeur. Si un tel homme était ici en ce moment, il affirmerait bien qu’il s’abstient de ces termes et me tancerait vertement sur les mots dont je me sers. Mais puisque nous ne sommes que de pauvres discoureurs, veux-tu que je m’aventure à dire ce que c’est que savoir ? car il me semble que nous aurions profit à le faire.
Ose donc le dire, par Zeus ; et, si tu ne te passes pas de ces termes, on te le pardonnera facilement.
XXXVI. — Eh bien, as-tu entendu comment on définit aujourd’hui le savoir ?
Peut-être, mais pour le moment je ne m’en souviens pas.
On dit que c’est avoir la science.
C’est vrai.
Faisons, nous, un léger changement et disons que c’est posséder la science.
Mais alors quelle différence mets-tu entre l’un et l’autre ?
Il n’y en a peut-être aucune ; écoute néanmoins ce qu’il m’en semble et aide-moi à en vérifier la justesse.
Oui, si j’en suis capable.