Eh bien, posséder ne me paraît pas être la même chose qu’avoir. Par exemple, si quelqu’un a acheté un habit et en est le maître, mais ne le porte pas, nous pouvons dire non pas qu’il l’a, mais qu’il le possède.
Et avec raison.
Vois donc si l’on peut de même posséder la science sans l’avoir, comme un homme qui aurait pris des oiseaux sauvages, ramiers ou autres, et les nourrirait chez lui dans un colombier qu’il aurait fait construire. En un sens, nous pourrions dire qu’il les a toujours, puisqu’il les possède. N’est-ce pas vrai ?
Si.
Mais, en un autre sens, qu’il n’en a aucun, mais qu’il a sur eux, puisqu’il les a mis sous sa main dans un enclos à lui, le pouvoir de les prendre et de les avoir, quand il le voudra, en attrapant tour à tour celui qu’il juge à propos, et de les lâcher ensuite, et qu’il peut le faire toutes les fois que la fantaisie lui en prend.
C’est vrai.
Faisons encore une fois ce que nous avons fait précédemment, en modelant dans nos âmes je ne sais quelle figure de cire. Faisons à présent dans chaque âme une sorte de colombier avec toutes sortes d’oiseaux, les uns vivant en troupes et séparés des autres, les autres par petites bandes, et quelques-uns solitaires et volant au hasard parmi tous les autres.
Supposons qu’il est fait, mais après ?
Dans la première enfance, il faut supposer que ce réceptacle est vide et, en place des oiseaux, nous figurer des sciences. Lors donc que, s’étant rendu possesseur d’une science, on l’a enfermée dans l’enclos, on peut dire qu’on a appris ou trouvé la chose dont elle est la science et que cela même est savoir.