je ne le soupçonne pas de rien emporter. Mais je connais ces sortes de tours ; çà, montre-moi ta main droite.
STROBILE. La voici.
EUCLION. La gauche, à présent ?
STROBILE. Tenez, les voilà toutes les deux.
EUCLION. Bon, je ne veux pas te fouiller ; rends-le-moi.
STROBILE. Mais quoi ?
EUCLION. Tu as beau faire, tu l’as, certainement.
STROBILE. Je l’ai ? Qu’est-ce que j’ai ?
EUCLION. Je ne le dirai pas : tu serais bien aise de le savoir. Voyons, rends-moi ce que tu as à moi.
STROBILE. Vous êtes fou ; vous m’avez fouillé tout à votre aise, et vous n’avez rien trouvé qui soit à vous.
EUCLION. Attends un peu. Quel est cet autre qui se trouvait tout à l’heure là dedans avec toi ? Ah ! je suis perdu ! il met tout sens dessus dessous. (A part.) Si je lâche celui-ci, l’autre jouera des jambes. Mais après tout, je l’ai fouillé, il n’a rien. (Haut.) Va-t’-en où tu voudras, et que la peste t’étouffe.
STROBILE. Voilà un beau merci.
EUCLION. Je rentre dans ce temple, et gare à ton compagnon ! je l’étrangle sur place. Hors de mes yeux ! t’en vas-tu, oui ou non ?
STROBILE. Je m’en vais.
EUCLION. Et que je ne te voie plus. (Il entre dans le temple.)
Que je meure de male mort, si je ne joue aujourd’hui même quelque bon tour à cet odieux cancre ! Il n’osera plus cacher son or ici. Il va l’emporter, je pense, et le changer de cachette. Eh ! la porte crie ; le vieux déménage son magot… Éloignons-nous un peu de l’entrée.
EUCLION, sortant du temple, et sans voir Strobile. Je m’étais imaginé qu’on pouvait se fier sans crainte à la Bonne Foi : mais peu s’en est fallu qu’elle n’ait fait de moi sa dupe. Sans le corbeau, j’étais perdu. Je voudrais bien le voir venir vers moi, ce corbeau qui m’a averti, je lui dirais au moins quelques paroles : car pour lui offrir à manger, serviteur ! donner, c’est perdre. Maintenant il s’agit de trouver, pour cacher ceci, un endroit bien