Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


EUCLION. La garder, contre mon gré, quand elle est à moi !

LYCONIDE. Pas contre votre gré, puisque je vous la demande ; mais je pense qu’il faut qu’elle soit à moi. Vous-même, Euclion, vous ne pouvez pas dire le contraire.

EUCLION. Si vous ne me rendez…

LYCONIDE. Si je ne vous rends ?…

EUCLION. Ce trésor que vous m’avez dérobé, je vous traîne à l’instant devant le préteur et vous intente un procès.

LYCONIDE. Moi, je vous ai dérobé votre trésor ? où ? de quoi s’agit-il ?

EUCLION. Que les dieux vous protègent, aussi vrai que vous l’ignorez.

LYCONIDE. Au moins faut-il me dire ce que vous réclamez.

EUCLION. Ce que je réclame ? eh ! la marmite d’or que vous avouez m’avoir ravie.

LYCONIDE. Moi ! je n’ai rien dit ni rien fait de semblable.

EUCLION. Vous le niez ?

LYCONIDE. Oui, je le nie bel et bien ; je ne sais pas et n’ai jamais su ce que c’est que cet or et cette marmite.

EUCLION. Celle que vous avez enlevée du bois de Silvain. Allons, rapportez-la ; je partagerai plutôt avec vous. Quoique vous m’ayez volé, je ne veux pas vous faire de peine ; mais allez vite la chercher.

LYCONIDE. Avez-vous perdu la tête, de me traiter de voleur ? Je croyais, Euclion, que vous veniez d’apprendre une autre affaire qui me concerne. C’est une chose importante, et dont je serais bien aise de causer tranquillement avec vous, si vous en -avez le temps.

EUCLION. Voyons, là, de bonne foi, vous ne m’avez pas pris mon or ?

LYCONIDE. Non, en conscience.

EUCLION. Et vous ne savez pas qui me l’a pris ?

LYCONIDE. Non, sur mon honneur.

EUCLION. Et, si vous apprenez qui est mon voleur, vous m’en instruirez ?

LYCONIDE. Je n’y manquerai pas.

EUCLION. Vous n’irez pas partager avec lui ou le receler ?

LYCONIDE. Non.

EUCLION.. Et si vous ne tenez pas votre parole ?

LYCONIDE. Alors que le grand Jupiter fasse de moi ce qu’il voudra.