Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/146

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EUCLION. C’est assez; et maintenant parlez, que voulez-vous ?

LYCONIDE.. Si voue ne savez pas quelle est ma famille, je vous dirai que Mégadore, votre voisin, est mon oncle ; mon père se nommait Antimaque, je m’appelle Lyconide, et ma mère est Eunomie.

EUCLION. Je connais votre famille ; mais que voulez-vous ? c’est là ce que je désire savoir.

LYCONIDE. Vous avez une fille ?

EUCLION. Oui, et même elle est en ce moment à la maison.

LYCONIDE. Vous l’avez promise, je crois, à mon oncle.

EUCLION. Vous êtes parfaitement instruit.

LYCONIDE. Eh bien, il m’a chargé de vous dire qu’il y renonce.

EUCLION. Il y renonce quand tout est prêt, quand les préparatifs sont faits ! Que tous les immortels, dieux et déesses, le confondent, car il est cause que le pauvre Euclion a perdu aujourd’hui tout son or.

LYCONIDE Rassurez-vous, et ne le maudissez pas. Pour le bonheur de votre fille et de vous… dites : Que les dieux le veuillent.

EUCLION. Que les dieux le veuillent !

LYCONIDE. Et puissent-ils m’être favorables ! Écoutez donc. Il n'est pas d’homme assez vil pour ne pas rougir et s’excuser d’une faute qu’il a commise. Je vous en conjure donc, Euclion, si je vous ai offensé sans le savoir, vous ou votre fille, pardonnez-moi et donnez-la-moi pour femme, ainsi que le veulent les lois. J’ai fait violence à votre fille, je l’avoue, aux veilles de Cérès… Le vin… la fougue de la jeunesse…

EUCLION. Hélas ! qu’entends-je ?

LYCONIDE. De quoi gémissez-vous ? Je vous ai fait grand-père pour les noces de votre fille, car il y a dix mois de cela, et elle vient d’accoucher ; comptez plutôt. C’est pour cela que mon oncle y renonce en ma faveur. Entrez chez vous et informez-vous si ce n’est pas comme je vous le dis.

EUCLION. Ô désespoir ! tous les malheurs se réunissent pour fondre sur moi. Entrons donc, et sachons la vérité. (Il sort.)

LYCONIDE. Je vous suis.... Je crois que l’affaire est en bon chemin. Mais je ne puis imaginer où s’est fourré mon coquin de Strobile. Je vais encore l’attendre un moment ici, puis j’irai rejoindre le bonhomme, Il aura ainsi tout le loisir de se faire raconter la chose par la nourrice de sa fille : car la bonne femme est au fait.