Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/15

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qu’il appartient de la juger. Je n’étonnerai personne si je dis que la réputation si méritée de celle de M. Naudet m’a fait hésiter bien longtemps. Cette traduction est citée à juste titre comme un modèle. Cependant, quelque peu de modestie qu’il y ait à faire un semblable aveu, j’ai accepté la lutte: je ne me suis pas flatté de pénétrer mieux le sens, de deviner plus finement l’intention comique ; mais, si j’ose me permettre de critiquer cet illustre maître, le scrupule même avec lequel il a calqué sa phrase sur la phrase latine, tout en faisant l’admiration de ceux qui, le texte à la main, applaudissent à la difficulté vaincue, laisse sentir un peu de gêne au lecteur qui ne se reporte pas à l’original. Tel passage rempli d’entrain revêt une teinte un peu triste, malgré une merveilleuse fidélité dans les moindres détails, et je le crois, à cause de cette fidélité. Quant aux introductions qui précèdent chaque pièce, aux notes qui l’accompagnent, M. Naudet s’y retrouve tout entier ; il est lui-même, avec son style vif et gracieux, sa critique à la fois sensée et pénétrante, et je me serais bien gardé de m’aventurer sur son terrain. Les notes surtout sont l’honneur de l’érudition française, et, malgré le préjugé si répandu en faveur de la philologie allemande, elles ne craignent aucune comparaison. L’hésitation était donc bien légitime, trop légitime peut-être, mais l’attrait était bien puissant. J’ai toujours aimé Plaute, je me suis toujours plu à le lire. La traduction que je livre au public, je ne l’ai pas entreprise comme un labeur, mais comme un délassement de prédilection ; elle a rempli mes loisirs pendant bien des années ; je l’ai quittée plus d’une fois, lorsque j’éprouvais la moindre sensation de fatigue, mais pour y revenir bien vite, et je serais trop heureux si elle procurait au lecteur une faible partie seulement du plaisir qu’elle m’a donné.

J’ai cru inutile de mettre au bas des pages des discussions de texte ; je ne me suis pas astreint non plus à indiquer que je suivais telle ou telle leçon. Les personnes qui voudraient me lire avec l’auteur latin sous les yeux devront consulter de préférence le texte donné par M. Naudet dans la collection de Lemaire. Toutes les fois que je m’en écarte,