Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/179

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s’il a reçu mon message, je ne puis comprendre, ce qui le retarde. Je vais voir s’il est chez lui.




SCÈNE VI. - MNÉSILOQUE, PISTOCLÈRE.


MNÉSILOQUE, sans voir Pistoclère. J’ai tout rendu à mon père. Je souhaiterais qu’elle vînt ; maintenant que je suis à sec, cette belle dédaigneuse. Mais que mon père a eu de peine à m’accorder le pardon de Chrysale ! Enfin, j’ai obtenu qu’il ne lui garderait pas rancune.

PISTOCLÈRE. N’est-ce pas là mon ami ?

MNÉSILOQUE. N’est-ce pas mon ennemi que j’aperçois ?

PISTOCLÈRE. C’est bien lui.

MNÉSILOQUE. C’est lui.

PISTOCLÈRE. Abordons-le.

MNÉSILOQUE. Allons à sa rencontre.

PISTOCLÈRE. Salut, Mnésiloque.

MNÉSILOQUE. Salut.

PISTOCLÈRE. Puisque te voilà de retour en bonne santé, nous souperons ensemble.

MNÉSILOQUE. Grand merci d’un souper qui me remuerait la bile.

PISTOCLÈRE. Est-ce qu’il te serait survenu quelque chagrin à ton arrivée ?

MNÉSILOQUE. Oui, et un très-grand.

PISTOCLÈRE. Qui te l’a causé ?

MNÉSILOQUE. Un homme que, jusqu’à ce jour, j’avais cru mon ami.

PISTOCLÈRE. Ah ! il ne manque pas de gens de cette espèce ; vous les croyez vos amis, et vous ne trouvez chez eux que fausseté et tromperie ; prodigues de belles paroles, ils ne bougent pas quand il s’agit de vous servir ; de dévouement, pas l’ombre. Ils sont jaloux de tout ce qui peut arriver d’heureux à autrui ; mais eux, les lâches, ils ont bien soin de se mettre à l’abri de l’envie.

MNÉSILOQUE. Voilà un portrait fait de main de maître. Mais aussi ils recueillent un digne fruit de leur perfide bassesse : nul ne les aime, tout le monde les exècre. Les sots ! ils croient attraper les autres, ils s’attrapent eux-mêmes. Tel est cet homme que je regardais comme un autre moi-même. Il a mis tous ses soins à me faire du mal, à détruire toutes mes espérances.

PISTOCLÈRE. Voilà un abominable homme.