Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRYSALE. Voilà tout ; une fois à table, n’en sortez plus que je ne vous donne le signal.

PISTOCLÈRE. Ô le grand général !

CHRYSALE. Vous devriez avoir bu déjà deux coups.

MNÉSILOQUE. En route !

CHRYSALE. Faites votre besogne, je ferai la mienne.



SCÈNE V. — CHRYSALE.


J’entreprends une affaire inouïe de difficulté, et j’ai bien peur de ne pas en venir à bout. Mais à présent, j’ai besoin que le vieillard soit hors de lui de colère ; car tout mon plan serait en déroute s’il gardait son sang-froid quand il me verra. Ah ! si je vis, je le retournerai aujourd’hui de la belle manière, je le ferai frire comme des pois dans la poêle. Mais approchons de la porte ; dès qu’il sortira je lui mettrai les tablettes dans les mains.



SCÈNE VI. — NICOBULE, CHRYSALE.


NICOBULE. J’enrage que Chrysale ait ainsi échappé de mes mains.

CHRYSALE, à part. Bravo ! le vieux est en colère : c’est le moment de l’aborder.

NICOBULE. Qui parle là ? Eh ! par ma foi, c’est Chrysale en personne.

CHRYSALE. Approchons.

NICOBULE. Salut, digne serviteur. Eh bien ! est-ce bientôt que je m’embarque pour Ephèse, que je vais redemander mon or à Théotime ? On se tait ? Ah ! j’en jure bien par tous les dieux, si je n’aimais pas tant mon fils, si je ne désirais pas lui complaire, comme je te ferais, sur l’heure, labourer les côtes à coups de verges ! comme je t’enverrais, chargé de chaînes, achever tes jours au moulin ! Mnésiloque m’a mis au fait de toutes tes scélératesses.

CHRYSALE. Il m’a accusé ? à merveille ; oui, je suis un vaurien, un coquin, un bandit. Faites attention, seulement ; je pourrais bien parler…

NICOBULE. Comment, bourreau, tu menaces !

CHRYSALE. Vous le connaîtrez bientôt. Pour le moment, je vous apporte de sa part ces tablettes. Il vous recommande bien de faire ce qui est écrit là-dessus.