Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoi ! il leur a fallu pour triompher des armes, des. chevaux, une armée, l’élite des guerriers, une flotte de mille vaisseaux, de longues années. Le fils de Pelée était moins terrible que moi, qui vais livrer l’assaut à mon maître. Sans flotte, sans armée, sans ces bandes de soldats, j’ai pris, j’ai enlevé au père son or pour favoriser les amours du fils. Avant que le vieillard revienne, je veux chanter la chanson : « Ô Troie ! ô patrie ! ô Pergame ! ô Priam ! » Tu es perdu, pauvre vieux, tu en seras pour tes quatre cents philippes d’or. Ces tablettes si bien closes, si bien cachetées que je porte là, ce ne sont point des tablettes, c’est le cheval de bois envoyé par les Grecs. Pistoclère est notre Épéus, c’est lui qui a tout imaginé. Mnésiloque est Sinon abandonné ; le voilà couché, non pas sur le bûcher d’Achille, mais sur un bon lit, et Bacchis auprès de lui, L’autre Sinon allumait un flambeau pour donner le signal ; le nôtre brûle lui-même d’un beau feu. Moi, je suis Ulysse, dont la sagesse conduit tout. Les caractères tracés ici, ce sont de braves soldats, armés jusqu’aux dents et cachés dans les flancs du cheval : notre stratagème réussit tout aussi bien, mieux encore jusqu’à présent. Quant à notre cheval, il fera son entrée non dans la citadelle, mais dans le coffre-fort. Il apporte la perte et le malheur au bonhomme dont nous allons soutirer les écus. Notre vieil idiot, je le nomme Ilion. Le militaire est Ménélas, et moi, je suis tout à la fois Agamemnon et Ulysse, fils de Laerte ; Mnésiloque est Paris, qui causera la ruine de sa maison ; il a enlevé Hélène, et c’est pour cela que je mets le siège devant Ilion. On dit qu’Ulysse était audacieux et rusé comme je le suis. J’ai été pris au beau milieu de mes trames ; lui, déguisé en mendiant pour surprendre le secret de la destinée d’ilion, il faillit être découvert et périr : c’est précisément mon aventure d’aujourd’hui. J’ai été enchaîné, mais mon adresse m’a délivré ; il a aussi trouvé son salut dans ses artifices. Il y avait, à ce que j’ai entendu dire, trois choses qui devaient être fatales à Ilion : l’enlèvement de la statue de la citadelle ; la mort de Troïle, enfin la ruine de la porte Scée. Notre Ilion aussi a ses trois fatalités : d’abord, j’ai trompé le vieillard au sujet de son hôte, et de l’or, et de la barque ; c’était l’enlèvement de la* statue. Restaient encore deux obstacles avant d’entrer dans la place. En portant les tablettes au vieillard, j’ai tué Troïle. Lorsque je lui ai fait accroire que la maîtresse de Mnésiloque était réellement la femme du militaire, je me suis tiré d’un pas fort glissant ; c’est ainsi qu’Ulysse, dit-on, fut reconnu par Hélène et